Un demi-siècle d’accélérateurs de particules

Pierre Marin, fut un chercheur passionné qui consacra l’essentiel de son activité à la conception, la construction et la mise en œuvre de nouveaux accélérateurs — ces instruments dont le rôle est essentiel dans l’étude de la matière à l’échelle atomique et subatomique. Né en 1927, Pierre Marin fut l’un des principaux artisans de ce programme scientifique tel qu’il se développa en France. Il compléta sa formation d’ingénieur acquise à l’École Supérieure d’Électricité par celle de physicien en préparant un doctorat au Laboratoire Clarendon à Oxford. Il travailla alors dans l’équipe du professeur H. Halban, le co-découvreur —avec F. Joliot, L.Kowarski et F. Perrin —des réactions nucléaires en chaîne dans l’uranium. De retour en France, P. Marin fut d’abord chargé d’installer deux accélérateurs au laboratoire de physique de l’École Normale Supérieure alors dirigé par Yves Rocard, puis de les faire fonctionner : un Cockcroft-Walton et un Van de Graaff. Il travailla quelque temps ensuite au CERN et revint en France au Laboratoire de l’Accélérateur Linéaire à Orsay où, avec l’appui du professeur A. Blanc-Lapierre, il lança un programme de recherche et de développement sur les anneaux de stockage d’électrons et de positons. Plusieurs machines de ce type furent construites en France sous sa direction. Elles permirent aux chercheurs qui les exploitèrent d’être souvent en tête dans la compétition internationale, tant dans le domaine de la physique des particules que dans celui de l’utilisation du rayonnement synchrotron. Chercheur au CNRS, il forma deux générations d’ingénieurs et de techniciens aux technologies de pointe qu’il fallut développer pour que les anneaux de stockage atteignent les performances visées.